mardi 20 mars 2012

Le mort était encore dans son lit...

Jean-Baptiste Greuze, peintre du 18e siècle.
Parmi les documents d’archives les plus riches et les plus surprenants, les inventaires après décès sont ceux qui fournissent le plus de détails sur ce que contenait une maison. 


En voici un exemple bien particulier : le corps du mort est encore dans son lit lorsque le notaire vient faire l'inventaire des biens.

Nous sommes le 17 mai 1798 ou plutôt le 8 Prairial an 6. Il est neuf heures du matin.

Le notaire au 15e siècle
Peinture de Quentin Metsys
Le notaire va parcourir toute la maison, greniers, granges et étables compris. Rien n’échappera à son œil exercé. L’acte est long et tient sur plusieurs feuillets.

En voici un court extrait (l’orthographe initiale de l’acte a été respectée) : 

« …Sommes passé dans une chambre a cheminée ou est décédé le dit citoyen Prévost :
 deux chenets a pommeau de cuivre argenté avec soufflet 
cinq flambeaux argent deux lampions 
une pendule un verre une porte pendule dont la pendule est chez un horloger .... 
... un secrétaire de bois de buis fermant a clef ouverture faite d’un des petits tiroir s’y est trouvé vingt francs en monnaie que la citoyenne Prévost a réclamer pour subvenir quand a presen aux dépenses journalière, 
Registre de notaires 16e siècle
deux lits dans un desquels git le corps dudit défunt, composé de leur couchettes chacun deux matelats un sommier de crin couette le tout en cramoisi courte pointe de pareille étoffe couverture de laine blanche 
dix sept tableaux de différente grandeur encadré 
deux fauteuils quatre chaises qui est tout ce qui s’est trouvé dans la dite chambre la suite de laquelle est un cabinet curieux en tableaux et autre objets… ».
« …De la somme monté dans une chambre a coucher dans laquelle s’y est trouvé deux lits garnis de matelas couette oreillers traversin dans un des lits couvertures de laine blanche les rideaux le tout de toile de cotton 
deux flambeaux argenté une seringue avec sa boite deux fauteuils 
deux chaises et une commode avec le dessus en marbre avec trois tiroirs dans deux diceux sont des effets appartenant à la citoyenne Prévost et dans l’autre des effets appartenant audit défunt… »


Anonyme - Musée Beaux Arts Valenciennes

L'inventaire, riche en détail, est un document important pour la recherche historique. Il permet non seulement de faire revivre la maison et ceux qui l’on habitée, mais donne aussi une idée de la classe sociale de ses habitants. 
C'est, en quelque sorte, une photographie d'une époque révolue.

lundi 12 mars 2012

Un air de jeunesse

Les tourelles, le logis seigneurial et la maison du métayer font partie des
 éléments de ce domaine qui ont traversés les 450 ans de son existence.

Longtemps maltraitée par ses différents propriétaires, cette belle demeure du 16e siècle retrouve enfin l’éclat de ses jeunes années.

Une tourelle vue de la cour.
Le domaine, dont le premier acte d’achat connu date de 1634, est situé aux portes de la forêt d’Amboise. Les bâtiments ont probablement été construits à la fin du 16e siècle. La propriété a longtemps appartenu à des familles bourgeoises et à des seigneurs locaux. Ils étaient conseiller du Roi, receveur au grenier à sel, contrôleur des contributions directes, maire d'Amboise, prêtre et chanoine. 

La maison était composée de nombreux bâtiments dont un logis seigneurial, deux petites tourelles, une maison de métayer, une fuye (ou pigeonnier), des granges et une chapelle (consacrée en 1637). 

La maison du métayer aujourd'hui
transformée en habitation.
La lecture d’inventaires après décès et de procès verbaux de réparations, ont permis de reconstituer avec exactitude tant les éléments d’architecture que la composition du mobilier et des effets personnels qui s’y trouvaient autrefois. 

Dans les années 1850, la propriété a été vendue par lots à des vignerons, des cultivateurs et des fermiers. Les bâtiments ont été séparés, modifiés, abattus pour certains. Des murs de séparation ont été construits dans le corps de logis pour y créer plusieurs logements. Bref, un vrai massacre qui fit de la magnifique propriété une ferme.


Les éléments architecturaux du 16e siècle ont disparu, le portail a été détruit et les pierres distribuées, la chapelle a été transformée en grange et la fuye a été détruite. 


Des traces du temps passé.
Une famille d’agriculteur sera principale propriétaire entre 1853 et 1994. Mais dès 1979, un particulier achète une partie du domaine,  puis au fur et à mesure, les autres parties, jusqu’à ce que, en 1994, il réunisse enfin l’ensemble.


Depuis, cette famille, amoureuse du domaine, s'attache à lui rendre son âme perdue.






mardi 6 mars 2012

Maison hier… hôtel aujourd'hui !

Une demeure du 17e siècle devenue un hôtel de charme.


Amboise en 1636 - Nicolas Tassin,
géographe du roi.
Située en plein cœur de la cité royale d’Amboise, dans l’ancien quartier des Marais, cette demeure familiale deviendra un bel hôtel plein de charme.

Cette propriété du 17e siècle appartenait aux Langlois, une famille noble d’Amboise, qui occupait de hautes fonctions : fourrier du roi, échevin, écuyer, maréchal des logis et plus tard, maire. 

De 1817 à 1822, un descendant des Langlois agrandira la propriété en acquérant plusieurs terrains attenants. Son neveu la vendra en 1869 à un banquier. 
Ses propriétaires successifs apporteront de nombreuses modifications tant intérieures qu'extérieures. 

En 2003, des professionnels de l’hôtellerie, amoureux des vieilles pierres, la transformeront en un hôtel de charme, le Clos d'Amboise.
Ils lui garderont sa belle allure en conservant ce qui rappelle son histoire : le carrelage noir et blanc à cabochons de l’accueil, les deux escaliers, les boiseries et le magnifique parquet « Versailles » du salon datant du XVIIIe siècle, les cheminées de l’ancienne cuisine devenue chambre ainsi que celles des autres chambres
Une vue imprenable sur le château d’Amboise s'offre à vous depuis son parc magnifiquement arboré et fleuri.


Passé le porche, le magnifique parc s'offre à vous.
Aujourd'hui encore, ses murs se souviennent du temps des cris et des rires des enfants Langlois courant dans la maison…

samedi 3 mars 2012

Enfin réunies...

Une des façades restaurée dans la pure tradition locale.

Après avoir été longtemps séparées, les deux vieilles dames sont enfin réunies.

Construite en 1760 par une famille tourangelle, ces deux longères voisines font partie des maisons d’un ancien lieu-dit entièrement intégré de nos jours à la ville. Seul le nom de la rue rappelle ce lieu-dit.
La jolie lucarne qui agrémente l'un des
toits fait la fierté de ses propriétaires.
De successions en donations et ventes multiples, et après de nombreuses années de vie commune, l'une d'elles sera achetée en 1874. Elle appartient toujours aujourd'hui à cette même famille, qui, un siècle plus tard, fera l'acquisition de la maison voisine pour à nouveau les réunir.
Elles auront vécu bien sûr des histoires et des vies très différentes, hébergé de nombreuses familles, vu grandir nombre d'enfants, entendu dans leurs murs cris, rires et pleurs… 
Très soigneusement restaurées, dans la pure tradition des Maisons Paysannes de France, elles retrouvent aujourd'hui leur véritable identité.
Alors, souhaitons leurs encore longue vie, et qu'elles profitent bien du bonheur d'être à nouveau réunies…